Pêche à la carpe - Débutant
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Message  Gimli Dim 29 Déc 2013 - 13:17

Message de gigi le 28 Décembre 2013

Salut l'ami,

Comme je l'ai souvent écrit, pêcher la carpe ne se résume pas à lancer un appât, amorcer et attendre la touche, il faut au minimum acquérir quelques bases techniques, connaitre un peu la façon dont les carpes évoluent dans leur environnement, se nourrissent et se développent, etc.
Au niveau technique, 3 opérations sont essentielles : le repérage, la localisation et le sondage.

1. Le repérage

L'examen visuel des berges d'un plan d'eau, permet assez facilement d'imaginer quel est le profil de la partie immergée et même d'en deviner de façon générale, quelle en est la texture. Il ne faut pas hésiter à passer de longs moments, armé de lunettes polarisantes et d'une bonne paire de jumelles, à observer le plan d'eau, à en faire le tour, à scruter minutieusement chaque zone dans le but de repérer des indices permettant d'indiquer une quelconque présence des carpes. On peut aussi, pour tenter d'apercevoir quelques poissons dans de faibles profondeurs, carrément grimper sur les plus hautes branches d'un arbre les jours de grand soleil. Si c'est réalisable, il faudra se rendre à plusieurs reprises au bord de l'eau afin d'obtenir le plus de renseignements possibles concernant la pêche pratiquée par les pêcheurs locaux, les meilleurs postes (ceux en tout cas ou se produisent le plus souvent les captures), les appâts qui fonctionnent le mieux(taille et saveurs), la distance à laquelle se déclenchent le plus souvent les départs, la profondeur du plan d'eau, etc. Ce travail de renseignements réalisé en amont de la partie de pêche, une fois parfaitement effectué, nous permettra de mettre au point une stratégie et une approche personnelle et réfléchie, soit en nous calquant sur la façon de pêcher des autochtones, soit au contraire, en optant pour une stratégie plus personnelle.
C'est donc en tenant compte de tous ces éléments que notre choix de stratégie va se mettre en place mais aussi grâce à d'autres critères, plus généraux, comme le choix d'un bon poste. Voyons quels sont les meilleurs :
- Les hauts fonds :
Ce sont des bosses dont le sommet est proche de la surface. Ils se distinguent par des taches plus claires que la couleur générale de l’étang. Bien qu'étant des postes privilégiés tout au long de l’année, c'est en début de saison que leur exploitation est la plus intéressante. En effet, dès le printemps, la végétation y pousse bien plus rapidement que sur le reste du plan d'eau, donnant asile à une multitude de petits insectes aquatiques qui s'y développent. Cette manne attire irrésistiblement les carpes qui après la rigueur de l'hiver, ont grand besoin de refaire leurs réserves en prévision de la frai à venir.
- Les herbiers :
Les carpes raffolent des herbiers où elles se sentent en sécurité et où elles trouvent de la nourriture naturelle toute l'année et de l'oxygène durant l'été. Il faut alors les pêcher à proximité de ces massifs végétaux en veillant bien à rester à côté des cannes pour empêcher les poissons piqués de s'y réfugier. Dans le cas ou un poisson trouve malgré tout refuge dans les herbes, l'emploi de tresse, grâce à sa grande résistance et à son faible diamètre, permet de couper l’herbe comme une lame de rasoir pendant le combat avec le poisson. Une autre solution consiste aussi à détendre complètement le nylon et à attendre que la carpe ne sorte toute seule de ce piège. Sur certains plans d'eau, en raison de la prolifération de végétation aquatique, la pêche est presque impossible de façon classique. Pour les amateurs de pêches difficiles, il existe pourtant plusieurs solutions permettant de prendre quelques poissons dans les herbiers comme
- Lancer le montage enfermé dans un sac soluble rempli d'amorce, de graines ou de pellets, directement dans les trouées à l’intérieur du massif, ce qui empêche l’hameçon de s’accrocher durant sa descente
– Piquer l'hameçon dans un copeau de mousse soluble et procéder de la même façon que précédemment accompagné d'un amorçage sur fil soluble.                    
- Ou alors pêcher en surface avec des appâts flottants tels que des croquettes pour chats, du pain, du maïs flottant, etc. Cette technique, qui reste toutefois marginale, offre aux amateurs de sensations fortes et de pêches originales, la possibilité de piéger des poissons souvent vierges de toute piqûre
- Les branches immergées :
Les carpes apprécient les amas de branches, les arbres immergés ou encore les souches sur lesquels se fixent aisément de la nourriture naturelle comme les moules ou les limées. Ces spots sont assez difficiles à pêcher. En effet, la carpe se sentant piquée, va instinctivement foncer dans ces obstacles pour tenter de se libérer. Elle va ensuite faire son possible pour tourner autour des plus grosses branches pour essayer de briser la ligne. Comme lorsque la carpe est prisonnière des herbiers et qu'il est impossible de la faire sortir en force, il faudra alors détendre la ligne en espérant qu’elle sorte d’elle même de son refuge. On peut toutefois éviter ce problème, en pêchant frein bloqué, cannes attachées au sol et en restant très vigilant, le plus près possible de celles-ci.
- Les îles et îlots :
Ce sont des postes souvent très productifs, été comme hiver, les carpes en font le tour de façon régulière. Leurs berges sont tranquilles, puisque les pêcheurs ne peuvent pas y accéder. Souvent entourées de pentes douces et régulières, les montages devront être disposés dans plusieurs profondeurs en privilégiant: l'été, la berge battue par le vent car mieux oxygénée et l'hiver celle exposée au soleil, car l'eau s'y réchauffe plus vite.
- Les arrivées de courant :
La plupart des plans d'eau, qu'ils soient à vocation piscicole ou encore consacrés aux loisirs, sont alimentés par des eaux de ruissellement. Parfois, ces petites arrivées d'eau se jettent dans les étangs ou les ballastières en créant des zones bonnes à prospecter tout au long de l'année car les carpes y trouvent toutes sortes de particules alimentaires véhiculées par le courant, plus particulièrement à la suite de fortes pluies. Durant les grandes chaleurs de la période estivale, les carpes se tiennent souvent dans cette zone car elles y trouvent plus de fraîcheur et d’oxygène que dans le reste du plan d'eau. Il est alors particulièrement intéressant d'y déposer au moins une ligne.
- Les rives empierrées :
Les amas de rochers formant les digues ou les rives d'étangs représentent une zone favorable au développement des écrevisses. Sachant que les carpes recherchent activement les écrevisses qui constituent pour elles une nourriture très riche en protéines, ces lieux vont donc à un moment ou à un autre attirer les carpes du plan d'eau. Du fait de leur proximité avec le rivage, ces secteurs sont plutôt à réserver à la pêche de nuit. Ils peuvent toutefois se révéler productifs à tout moment, pour peu que la berge exploitée, soit inaccessible aux badauds.
- Les autres postes :
Les endroits régulièrement fréquentés par les pêcheurs au coup sont des postes amorcés presque toute l’année avec des farines, du blé, du chènevis ou des asticots par des pêcheurs au coup. Les carpes prennent bien souvent l'habitude d'y passer en fin de journée, quand les pêcheurs sont partis et que le coin est calme pour finir de manger les restants d’amorce. Si on compte pêcher la nuit, cela peut payer de lancer un de nos montages sur le coup. Celui-ci à toutes les chances de décoller durant la nuit.
D'autres postes doivent également être pris en compte, comme les petites baies, qui sont souvent des zones ou les carpes aiment venir s'alimenter et se reposer, les roselières, les arbres dont les branches surplombent la surface, procurant un peu d'ombre les jours de grandes chaleurs. Parfois certains d'entre eux comme les châtaigniers ou les chênes offrent leurs fruits aux carpes qui apprennent très vite à s'en nourrir.

2. La localisation

La localisation des poissons est l'une des étapes clés de la pêche de la carpe. En effet même le meilleur amorçage du monde sera improductif s'il est effectué trop loin d'une zone de tenue ou d'un itinéraire emprunté par les gros cyprins. Il est donc primordial, avant même de commencer à pêcher, de bien observer l'eau pour essayer de déceler les repaires des carpes, ainsi que la route qu'elles empruntent lors de leurs déplacements. Les trois activités principales de la vie d'une carpe sont : le repos, l'alimentation, et la reproduction.
A différents moments de la journée(ou de l'année) les carpes vont, la plupart du temps à heures fixes, se déplacer entre les deux premières. C'est donc tout naturellement à ce territoire appelé le core-area que nous allons nous intéresser en premier lieu en essayant d'y repérer les zones de repos (appelées aussi zones de tenue) les zones d'alimentation qu'elles fréquentent souvent et très régulièrement et les zones qui séparent les deux que l'on appellera les zones de passage.
- Exploiter les zones de repos :
Pour se reposer, les carpes aiment se tenir sur des zones leur permettant de se sentir en toute sécurité. Elles choisissent donc en général des secteurs calmes, de préférence encombrés et plutôt profonds, éloignés des berges fréquentées par les marcheurs(ou les pêcheurs). Même si la concentration de carpes est très importante dans les zones de repos, ce n'est pas là qu'elles sont le plus facile à prendre. En effet, lorsqu'elles y stationnent, elles ne se trouvent pas en phase de recherche alimentaire et leur activité est donc assez faible. On parviendra toujours à décider quelques poissons à bouger en leur présentant un appât "sous le nez " et en amorçant peu mais précisément, mais les départs sont ici en général assez espacés car la prise d'une carpe effraie indubitablement le reste du banc. Il vaudra donc mieux pêcher à quelques encablures de ces postes, en essayant d'en faire sortir quelques poissons par le biais d'un amorçage précis et attractif,  ou en tentant d’intercepter des poissons s'apprêtant à partir en quête de nourriture.
- Exploiter les zones d'alimentation :
Les carpes sont des poissons omnivores qui tirent partie de toutes les ressources nécessaires à leur survie et à leur croissance. La nourriture naturelle présente dans leur environnement aussi bien végétale (jeunes pousses de plantes aquatiques, baies et graines tombées dans l'eau ) qu'animale (larves diverses, vers, écrevisses, moules, escargots, gammares, daphnies, petits poissons) compose l’essentiel de leur régime alimentaire.
Les carpes savent parfaitement situer les zones où la nourriture naturelle se développe. Pour le pêcheur connaitre ces lieux est un plus indéniable qui lui permet d'être certains qu'à un moment donné, les carpes vont visiter le secteur. Quelques appâts bien placés peuvent alors déclencher un départ à tout moment.
Attention quand même car lorsque les carpes se rendent sur ces secteurs, elles sont fixées sur un type de nourriture bien spécifique et peuvent se révéler complètement insensibles à nos esches. A nous d'être inventifs et à leur proposer des appâts irrésistibles.

- Exploiter les zones de passage :
Les carpes pour se rendre de leurs zones de tenue à leurs zones d'alimentation empruntent des itinéraires (généralement toujours les mêmes) que certains n'hésitent pas à appeler des "autoroutes à carpes".
Il est certain que les connaître permet d'anticiper un peu les choses et d'y déposer par exemple quelques appâts accompagnés d'un amorce très attractive. Les poissons sont alors en activité et recherchent de la nourriture. Ils se montreront donc beaucoup moins méfiants que dans les deux autres configurations. Parmi les endroits susceptibles d'être visités on peut noter les cassures et/ou les marches, les hauts fonds, les roselières, les passages entre 2 herbiers, les zones empierrées, etc. Ce sont certainement sur ces secteurs que se réalisent les meilleures pêches du plan d'eau, c'est donc là qu'il faut déposer ses montages.

3. Le sondage

Après avoir jeté son dévolu sur un poste de pêche en fonction des éléments que nous avons pris le temps de découvrir, il va falloir à présent essayer de déterminer le profil et la texture du fond. Pour y parvenir il y a deux possibilités: Soit on peut employer une embarcation pour sonder le poste, soit ce n'est pas autorisé et dans ce cas il faut se débrouiller à partir de la rive.
1) Sonder depuis une embarcation :
- Le sondage à l'aide d'un échosondeur :
Il suffit d'effectuer plusieurs allers et retours sur l'ensemble du secteur tout en lisant les informations indiquées sur l'écran de l'appareil. Cette opération, plus reposante mais aussi plus technique, se révèle très intéressante en particulier sur de grandes étendues d'eau comme les réservoirs et les grands lacs de barrage. Elle permet en effet d'avoir une lecture très précise de la profondeur et de la texture du fond grâce à la fonction "ligne grise" qui permet d'en connaître la densité.
- Le sondage à la canne :
On effectue le sondage simplement à l'aide d'une canne(type canne à carpe ou à brochet) Pour ce faire, on laisse descendre directement sous l'embarcation, un plomb de 100 ou 150g, jusqu'au fond. Ce moyen simple et efficace, permet à la fois de "sentir" la texture du fond et de localiser très précisément les zones les plus dures, dégagées de toute végétation, ou encore les petites cuvettes vaseuses, regorgeant de vers de vase. On peut aussi très facilement repérer assez facilement les cassures ou autres hauts fonds, en repérant la longueur de fil immergé.
2) Sonder depuis la rive :
Une canne, un moulinet rempli de tresse, un plomb de 100g et un flotteur permettent de réaliser facilement cette opération.
La technique consiste à propulser l'ensemble plomb/flotteur sur le poste, à tendre doucement la tresse jusqu'à ce que le flotteur se cale contre le plomb puis à relâcher cette tresse à la main en prenant garde à ce que cette longueur soit toujours la même(distance entre moulinet et premier anneau par exemple). Lorsque le flotteur apparaît en surface, on additionne les longueurs de fil relâchés pour connaître la profondeur du coup à cet endroit. Ensuite on retire la ligne de quelques centimètres et on renouvelle l'opération autant de fois que nécessaire.
Lors de cette opération destinée principalement à déterminer la profondeur du poste, avec un peu d'habitude on peut très bien "sentir" la texture du fond et ainsi trouver les zones les plus intéressantes pour y déposer nos montages.
- Si le fond est plutôt dégagé et que le plomb glisse parfaitement on peut penser que l'on se trouve soit sur de la vase, soit sur de la terre, soit encore sur du sable. L'observation attentive du plomb dès sa sortie de l'eau est alors bien utile. Un peu de glaise collée sur celui-ci va nous indiquer un fond terreux alors que quelques aspérités en surface nous désignera plutôt la présence de sable. En cas de substrat vaseux, en reniflant le plomb dès sa sortie de l'eau, on peut également mieux connaître la nature de la vase présente sur le fond. Ainsi, une odeur "fétide et puissante" nous indiquera une zone à éviter, alors que si l'odeur n'est pas trop forte, l'exploitation de ce poste même vaseux peut quand même se révéler intéressante.
- S'il tressaute légèrement, il s'agit plutôt de cailloux, on est alors sur un fond dur. Pour en être certain on peut alors utiliser un marqueur indélébile pour colorer le plomb. En le laissant glisser sur le substrat, celui-ci va se rayer plus ou moins profondément, nous permettant de savoir si l'on a à faire plutôt à du sable qu'à des graviers. S'il se cale au fond et reste carrément bloqué, nous avons alors à faire à un fond composé cette fois de gros cailloux ou carrément de blocs de pierre. Un montage à plomb cassant et une présentation spécifique (pop-up) devra alors être mis en place.
- S'il a tendance à venir par à-coups, ce sont certainement des herbes et/ou des végétaux qui bloquent le plomb. L'utilisation en remplacement du plomb classique d'un plomb à griffes, va nous permettre de "prélever" un peu de ce substrat nous indiquant d'une part la longueur mais aussi la densité des herbes. Une fois renseignés nous allons alors pouvoir monter un appât flottant qui se présentera à la bonne hauteur sur ce tapis végétal.
- Lorsque la progression du plomb est stoppée net, si l'arrêt est plutôt franc et suivi d'un grand relâchement, il s'agit probablement d'une cassure. Si au contraire la progression du plomb se traduit par un relâchement court suivi très rapidement par une reprise normale de la glisse du plomb, on peut facilement deviner que nous venons de passer une marche. Les deux dernières configurations sont de toute manière des lieux de passage quasi-certains des carpes du plan d'eau qu'il va falloir repérer avec précision pour pouvoir les exploiter au maximum.

Conclusion : En fait les trois opérations que sont le repérage, la localisation des carpes et le sondage minutieux du poste ne sont pas si difficiles que cela à réaliser, pour peu que nous prenions le temps qu'il faut avant de commencer à pêcher. Ce temps de lecture de l'eau, comme le temps passé à sonder méticuleusement un poste, est loin d'être du temps perdu et seul le pêcheur qui essaye de comprendre l'écosystème présent devant ses yeux, obtiendra des résultats à la fois réguliers et gratifiants.
Ne pas oublier non plus que certains éléments extérieurs comme la saison durant laquelle on pêche, le sens du vent, les variations de température, les changements de pression atmosphérique, etc. doivent être pris en considération avant de faire un choix définitif du poste et de la stratégie de pêche, car tous ces facteurs conditionnent les phases d'activité de nos partenaires de jeu. Mais ce sera l'objet d'autres débats...........

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